Un suivi de grossesse avec une sage-femme, ça change quoi ?

Publié le samedi 06 mai 2017 dans MaRiNeTTe à Montréal, MaRiNeTTe future maman !  |  Pas de commentaire  | Voter Hellocoton

Si pour ma première grossesse j’avais choisi la voie plutôt classique du suivi de grossesse à l’hôpital (hôpital où j’ai donc aussi accouché), j’ai, pour ma 2nde grossesse, opté pour une toute autre chose. En effet, cette fois-ci, mon suivi a été fait auprès d’une sage-femme. Sage-femme qui m’a donc aussi accouchée. Mais ça j’en reparle une prochaine fois, puisqu’on se concentre aujourd’hui sur le suivi de grossesse, et donc pré-accouchement.

 

Pour rappel, aucun test ni autre contrôle n’est réalisé, au Québec, durant tout le 1er trimestre de grossesse. Les choses sérieuses démarrent avec l’échographie des 12 semaines.

 

A la découverte de ton test de grossesse positif, tu as donc 2 choses à faire :

  • Décider où et comment tu souhaites ton suivi. Et appeler illico pour réserver ta place. Cette fois encore, il semblerait que j’ai été chanceuse. On me prédisait un nombre de places très limitées avec les sages-femmes et j’ai pourtant eu ma place sans problème alors que je m’y suis pris un peu tard… Coup de chance ! Mais ne faites pas comme moi et assurez vos arrières, c’est toujours plus sûr ! On appelle au plus vite ! (voir plus bas).
  • Prendre rendez-vous pour l’échographie des 12 semaines (ou échographie de datation). Pour cela il faut tout de même une prescription et donc avoir obtenu une place pour ton suivi quelque part. Dans mon cas, lorsque j’ai eu ma place confirmée auprès de ma sage-femme, on m’a fait parvenir la prescription pour l’échographie. L’échographie peut se faire à l’hôpital, avec l’avantage d’une prise en charge à 100% par la RAMQ ou bien en clinique privée (pour les retardataires notamment qui ne trouveraient plus de place disponible pour les dates prévues) mais qui sera en bonne partie à vos frais.

 

Enfin, vous pouvez aussi aller consulter un médecin généraliste, notamment si vous souhaitez une prescription pour les vitamines de grossesse ou si vous souffrez d’autres maux (nausées notamment) qu’il pourrait vous aider à soulager avant que le suivi ne débute.

 

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Les différents choix pour réaliser un suivi de grossesse au Québec

  • A l’hôpital. C’est le choix que j’ai fait pour ma première grossesse. Tous les détails sont ici.
  • Par votre gynécologue habituel, si vous avez la chance d’en avoir un ! Certains gynécologues effectuent le suivi de grossesse dans leur cabinet, en dehors de l’hôpital. Le suivi est ainsi plus personnalisé, certainement plus poussé et surtout plus confortable pour la future maman qui n’est pas qu’un numéro de dossier dans un hôpital et où on subit souvent de longs moments d’attente pour seulement quelques checks bien rapides à chaque rendez-vous.
  • Par une sage-femme. C’est donc mon choix pour cette seconde grossesse et le sujet principal plus bas. Un choix pas mal démocratisé au Canada et au Québec, même si la profession aimerait bien sûr s’étendre encore plus.

 

Pourquoi avoir choisi un suivi par une sage-femme ?

Le choix du suivi de grossesse est une décision très personnelle, à prendre en couple bien sûr mais dont les raisons différeront certainement d’une maman à l’autre.

 

Pour ma part, si j’avais été globalement satisfaite de mon suivi à Saint Luc, dans le sens où je n’ai pas eu de problème particulier, j’avais tout de même le souvenir de moments assez “peu sympathiques” sans aucune humanité mais simplement du médical. J’étais une boîte pour mon bébé et même si je suis bien d’accord que la grossesse n’est pas une maladie, j’attendais autre chose pour encadrer cette période qui reste particulière.

 

Un second point était que s’agissant d’une seconde grossesse, suivant une première pour laquelle je n’ai eu aucun problème particulier, je n’avais aucun stress et donc aucun besoin de cadre plus médicalisé rassurant. 

 

Enfin, une maison de naissance venait tout juste d’ouvrir à quelques pas de chez nous (je suis partie accoucher à pieds !) ce qui m’a poussée à m’intéresser au sujet. J’y ai vu l’opportunité “pratique” (rendez-vous de suivi à proximité de la maison, départ pour accoucher un peu moins stressant puisque idem, à côté de la maison, possibilité de venir avec Mister Caribou si nous n’avions pas eu de plan de garde (Mister Caribou ayant eu une grande place dans la totalité de mes choix durant cette grossesse), retour très rapide à la maison après l’accouchement (encore une fois, Mister Caribou inside, je ne souhaitais pas le “laisser” 3 jours durant… le destin en a finalement décidé autrement mais il s’agissait tout de même de l’un de mes critères dans ce choix), …) ainsi que le côté plus plaisant avec notamment un très joli cadre (dont nous aurions tant aimé profiter un peu plus lors de l’accouchement !).

 

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Comment bénéficier du suivi par une sage-femme lors de votre grossesse ?

Rien de bien compliqué. Comme indiqué plus haut, tout est surtout question de bon timing il me semble. Appeler au bon moment semble être la clef. Mais là encore il n’y a pas de règle. Le bon moment est selon moi à la prise de décision sur votre suivi, quelques jours donc après la découverte de votre grossesse. Ne traînez pas beaucoup plus histoire de mettre toutes les chances de votre côté. Mais même si vous êtes un peu en retard, tentez votre chance ! Ça ne coûte rien et vous aurez peut-être une bonne surprise. Ce fût mon cas. J’ai appelé aux environs de 10 semaines passées il me semble. Et une place était par chance encore disponible.

 

À noter que quelques critères doivent être respectés pour pouvoir bénéficier du suivi par une sage femme. En effet, ces dernières ne peuvent pas assumer le suivi d’une grossesse dite “à risque”. Vous aurez donc à répondre à quelques questions avant que votre “place” ne soit confirmée pour le suivi. On vérifiera vos antécédents médicaux par exemple. De même, si la 1ère échographie révèlait une grosses gémellaire, vous seriez alors transféré pour un suivi à l’hôpital.

 

Contact :

Pour bénéficier du suivi, il vous suffit de contacter votre CLSC pour obtenir les renseignements nécessaires, puisque les sages-femmes y sont généralement affiliées. Si vous avez la chance d’avoir une maison de naissance dans votre quartier, c’est directement auprès de cette dernière qu’il faudra faire vos démarches. Ce fût mon cas !

Dans mon cas :

Maison de Naissance Jeanne Mance
1822 rue Ontario Est
QC, H2K 1T7
514 527 2361 ext 2530

 

Les grandes dates du suivi de grossesse par une sage-femme

Pour revoir les grandes étapes d’un suivi de grossesse classique, c’est par ici. Avec la sage-femme, c’est la même chose pour les principaux examens à effectuer, avec quelques particularités :

 

Réunion d’information à la Maison de naissance

Une réunion d’information se tient à la maison de naissance – tout comme c’est le cas au début du suivi à l’hôpital – aux environs des 12 semaines. Cette réunion permet de découvrir les lieux, si le suivi se fait en maison de naissance, mais aussi les équipes, les grandes dates, le fonctionnement général, …

 

Les rendez-vous de suivi (mensuels)

Tout comme un suivi à l’hôpital, le suivi avec une sage-femme se fait sur base de rendez-vous mensuels, dans un premier temps. Ils deviennent plus fréquents les dernières semaines de grossesse ou en fonction des besoins. (Généralement, rdv mensuel les 33 premières semaines, puis bi-mensuels et enfin chaque semaine à partir de 38 SA).

 

C’est lors de ces rendez-vous qu’on note toute la différence comparativement à un suivi plus classique. En effet, là, mes rendez-vous ont duré bien plus longtemps. Assise dans un joli fauteuil et en mode discussion plutôt que simple check de mes constantes. Pas d’infirmière non plus qui vient prendre mon poids ou autres petits tests. Je suis responsable de donner cette information à ma sage femme, de même que de faire mon test d’urine pour vérifier notamment le taux de protéines. Les rendez-vous sont basés sur la confiance et l’écoute. Et même s’il y a bien sûr un moment où on s’allonge pour se faire mesurer l’utérus et prendre la tension, on a parlé grossesse, sensations, ressentis. Pas seulement mesures qui ne veulent pas toujours dire grand chose et “à dans 1 mois”.

 

La sage-femme peut nous conseiller sur des positions, des exercices, l’alimentation, notre rythme de vie, une aide éventuelle, … on parle réellement de notre grossesse et pas seulement du bébé qui pousse à l’intérieur de notre corps sans regarder la maman qui le porte. Pour ma part, c’est la vraie différence avec le suivi que j’ai reçu à Saint Luc il y a 2 ans. Je me souviens à l’époque de réflexions coupant court aux discussions les rares fois où j’ai tenté d’émettre une inquiétude ou interrogation (petit exemple “Je ne le sens vraiment jamais bouger” auquel on m’avait répondu “Cela vous fera une raison de plus de l’engueuler lorsqu’il sera plus grand !” sans autre tentative de me rassurer ou de m’expliquer la chose, autant vous dire que j’ai hésité par la suite à poser la moindre question…). Avec ma sage-femme, c’était tout l’inverse. Nous avons même longuement parlé de ce qui m’avait justement dérangée dans le suivi et l’accouchement à Saint Luc.

 

Au cours de ces rendez-vous, la sage-femme nous présente aussi les différents tests à venir et choix à faire. Que ce soit durant le suivi ou juste à la naissance (injections et autres que notre enfant pourrait recevoir). Et le top : elle réalise elle-même ces tests ! Fini le laboratoire d’analyse glauqui où il faut attendre des heures pendant ton test de diabète… Cette fois-ci j’ai bu ma bouteille tranquille à la maison de naissance et ai passé mon attente à discuter avec ma sage-femme. C’est elle-même qui a fait mon prélèvement de sang et m’a donc tenue au courant des résultats dès leur réception là où l’hôpital sera plus adepte du “pas de nouvelle, bonne nouvelle”.

 

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Les grandes différences avec un suivi “classique”

 

Le côté humain

Si j’ai un mauvais souvenir des services “humains” fournis à l’hôpital Saint Luc, comme expliqué plus haut, je ne suis malheureusement pas la seule, c’est une réalité un peu partout. J’ai lu un article qui confirme :

Le nombre de minutes consacrées à une rencontre de suivi prénatal de base est de sept dans le monde médical.

Ça fait une belle différence avec ma petite heure passée chaque fois avec ma sage-femme…

 

La disponibilité, ou la sage-femme pour toi 24h sur 24 !

En lien logique avec le côté plus humain du suivi, on a donc aussi une personne unique, ou presque, en charge de notre suivi. Une personne en qui on a mis notre confiance et avec qui on a potentiellement tissé des liens au cours des différents rendez-vous de suivi. Et ce suivi a aussi débuté avec un échange de numéros. Et oui, pour la moindre question, et pas seulement pour prévenir qu’on va accoucher dans la nuit, on peut se permettre d’appeler notre sage-femme. Si on souhaite des explications sur des résultats d’examens entre 2 suivis, mais aussi si on a le moindre doute sur un ressenti ou une simple question qui nous embête.

 

Alors bien sûr, la sage-femme ne peut pas être disponible 24h sur 24 ni 7j sur 7. Les sages-femmes travaillent donc en équipe de 2 ou de 3. La sage-femme “principale” s’occupe de la plus grande partie du suivi, mais on rencontrera sa ou ses coéquipières avant l’accouchement. Dans mon cas, c’est au cours des 6 dernières semaines que j’ai rencontré les 2 autres sages-femmes qui pourraient potentiellement devenir “ma sage-femme” le jour de l’accouchement selon le jour et l’heure des événements. Et c’est finalement ma sage-femme “numéro 2” qui m’a accompagnée le dit jour J. Malgré des rencontres moins présentes, nous avions tissé une relation sur les dernières semaines, elle connaissait mon dossier, mon histoire, et a su m’accompagner (nous accompagner) de la meilleure des façons !

 

Le côté moins invasif

Bon là, déjà, je pense que le Québec est très peu invasif dans son suivi de grossesse en règle générale. Je n’ai pas eu de grossesse en France et ne peux donc pas témoigner personnellement mais déjà à l’hôpital j’étais étonnée qu’on ne me “regarde jamais l’entrejambe”. C’est arrivé une fois au premier rendez-vous pour les prélèvements qui vont bien. Puis certainement aux 2 derniers rendez-vous. Avec la sage-femme, on passe un stade supplémentaire : zéro check de ce côté là ! (J’y aurai eu le droit si j’étais revenue pour un suivi après 40 SA cependant). Même pour le prélèvement de streptocoques, c’est moi qui l’ai fait ! Alors, c’est parfois rassurant de se faire checker. Et puis parfois ça ne sert vraiment à rien. Chaque pensée se défend. Mais c’est donc un point à avoir en tête. À prendre comme avantage ou inconvénient ensuite selon votre façon de voir les choses. (A noter que j’aurai aussi très bien pu demander à ma sage-femme d’aller regarder si j’en avais ressenti le besoin).

 

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Les petits moins d’un suivi de grossesse avec une sage-femme

 

Et oui tout ne peut pas être parfait, ça se saurait ! Alors le suivi avec une sage-femme a tout de même quelques petits inconvénients.

 

La sage-femme n’est pas un médecin

Et par conséquence elle n’est pas habilitée à faire des prescriptions. Elle ne pourra donc pas vous délivrer de médicaments que ce soit pour lutter contre vos nausées par exemple, ou même suite à l’accouchement, et c’est vrai jusqu’à la pilule pour laquelle il vous faudra aller consulter un médecin suite à votre accouchement pour obtenir votre prescription.

Dans le même sens, la sage-femme n’a pas le droit de vous délivrer un arrêt de travail, même si elle le considère nécessaire. Elle doit alors vous envoyer voir un médecin avec sa recommandation mais qui sera, lui, maître de la décision finale, bien qu’il ne vous aura pas suivie.

Cette histoire peut donc un peu doubler les choses. C’est à avoir en tête dès le début. Mais il se peut très bien que vous ayez une grossesse qui ne nécessite aucune prescription (hormis la reprise finale d’une contraception).

 

L’accouchement “naturel”

Si je ne m’étais pas tournée vers une sage-femme plus tôt, c’est que j’avais en tête une image un peu trop “naturel” justement ! (voire même “hippie” ?!). J’ai donc appris à connaître le métier de sage-femme et surtout sa pratique aujourd’hui, d’une façon bien différente. On s’entend cependant que quelques éléments ne changent pas… les femmes qui choisissent un suivi par une sage-femme choisisse généralement une grossesse mais surtout un accouchement plus naturel (ce qui va avec le point au-dessus sur les prescription d’ailleurs, à priori, on devrait vivre sa grossesse sans recourir à une prescription !).

Ce point était probablement celui qui m’a fait le plus douter sur mon choix de suivi. Était-je prête à assumer un accouchement naturel ? Et puis… il y a des alternatives si on ne s’en sent pas capable (voir plus bas) ! (Mais j’ai finalement “osé” !).

 

Les différentes possibilités pour l’accouchement avec une sage-femme

Trois possibilités pour votre lieu d’accouchement lorsque vous effectuez votre suivi de grossesse avec une sage-femme :

 

Accouchement à domicile

La sage-femme viendra alors vérifier chez vous quelques semaines avant la DPA afin de s’assurer que votre domicile s’y prête.

 

Accouchement en maison de naissance

Vous n’êtes pas à la maison, mais pas à l’hôpital non plus ! Je ne sais pas si toutes les maisons de naissance sont similaires mais à Jeanne Mance (rue Ontario, à Montréal), on se croirait presque à la maison ! Les chambres sont décorées avec goût, elles sont grandes, possèdent un vrai lit et de jolies lumières d’ambiance. Rien de médicalisé en apparence (même si rassurez-vous, tout le nécessaire est toujours à portée de main !). Une salle de bain privée attenante à chaque chambre. Un espace familial au bout du couloir. Une cuisine aussi.

(Mon plus grand regret : ne pas avoir profité de tout ça puisque nous n’avons finalement fait qu’un passage express à la maison de naissance, le temps de l’accouchement, mais c’est une autre histoire)

 

Accouchement à l’hôpital

Et oui, la sage-femme peut aussi vous accoucher à l’hôpital ! Et c’est un choix utile notamment pour toutes celles qui n’ont pas de maison de naissance à proximité de leur domicile, et qui ne souhaitent pas accoucher chez elle (qui est une décision pas mal plus implicante me semble-t-il). C’est aussi le choix que j’ai longtemps gardé en tête par “sécurité” puisque celui-ci implique que vous pourriez demander la péridurale. Attention, l’expérience n’est cependant pas la même que pour une accouchement “classique” à l’hôpital : la mère se voit attribuer une chambre d’hôpital sans toutefois être hospitalisée, ce qui veut dire qu’aucun intervenant de l’équipe médicale n’est présent pendant le travail (sauf en cas de complications bien sûr, idem si vous faites la demande de la péridurale qui devient alors un acte médicalisé). La sage-femme quitte habituellement l’hôpital 3 heures après la naissance, mais demeure responsable d’effectuer le suivi postnatal par des visites à domicile rapprochées. La sortie de la jeune maman suit de peu (on a une chambre de naissance, pas une chambre de séjour).

 

À savoir : Environ 75 % des accouchements avec une sage-femme ont lieu en maison de naissance, 20 % à domicile et 5 % à l’hôpital.

 

photos-grossesse-marinette-par-aline-duboisPhotos de Aline Dubois Photographie.

 

Je crois avoir fait pas mal le tour ! N’hésitez pas si questions ! (On se parle de l’accouchement très bientôt !)

 

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