Voilà bientôt 1 an que je suis drastiquement mon nouveau régime alimentaire. Celui sans protéines bovines. (Et sans soja aussi). Un régime qui m’a été “imposé” peu de temps après la naissance de Petit Nemo, lorsque sa gastro-entérologue lui a détecté la dite allergie aux protéines bovines.
Je me souviens de ce jour où elle a commencé à m’en parler. Vaguement. Comme un doute. Puis de ce que cela impliquait. Un bébé allaité et donc des implications pour moi, surtout, dans un premiers temps. Parce que les vilaines protéines bovines passent dans le lait des mamans allaitantes. Je l’ai, sur le moment, un peu pris à la légère. Notez que mon bébé était hospitalisé. Opéré à la naissance en urgence. On m’avait assuré que son alimentation serait des plus complexes. Qu’il ne boirait probablement pas au sein (si tant est qu’il était capable de boire tout court). Et même si l’allaitement n’était, la première fois, pas une évidence pour moi (“on verra bien si/comment ça marche” que j’avais dit pour Mister Caribou), je crois que pour Petit Nemo, j’avais ce sentiment de lui devoir. Vis à vis de son frère. Allaité quasimment 10 mois. Profitant alors de ces moments si privilégiés avec moi. (Même si attention je ne prône en rien le “allaiter, c’est mieux”, je les voulais simplement avec une expérience égalitaire je crois). Mais surtout vis à vis de cette drôle de farce que lui avait offert la vie, ce 1er avril, en lui donnant justement la vie, mais avec une malformation engageant le pronostic vital.
L’allergie aux protéines bovines me titillait, bien sûr. Mais les implications, pas vraiment. Par manque de totale compréhension. Par manque de projection. Faute d’y croire aussi. On nous avait déjà tellement mis de risques en tête. C’était un de plus. Probablement qu’il ne se vérifierait pas. Je suis partie en rigolant un peu. “Haha, t’y crois chéri, à la dernière qu’on vient de me sortir ?!” (C’était le moment où les différentes annonces me faisaient, au choix, rire, ou pleurer. Celles-ci s’est rangée naturellement dans la case du rire. On s’entend qu’on ne nous annonçait pour une fois rien de bien dramatique. Mieux valait donc en rire, de cette nouvelle embûche possible).
Et puis, un matin, sans même attendre les résultats, une petite semaine avant le nouveau rendez-vous qui devait nous confirmer ou non le tout, et nous donner les clefs du régime, j’ai décidé qu’on arrêtait tout. Du moins avec ma petite connaissance des choses. Avec le doute en tête, je ne pouvais pas assumer de manger de tout, comme si de rien n’était, comme si cela n’avait aucune conséquence sur mon bébé. On a donc arrêté le plus évident. Le lait, bien sûr. Mais aussi le beurre, le fromage. La viande de bœuf. Parce que, le régime sans protéines bovines, ce n’est pas simplement l’arrêt du lait de vache… (qui suffit généralement pour la majorité des nourrissons allergiques ou intolérants).
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Petite parenthèse :
Puisque Petit Nemo était suivi de près en gastro-entérologie, nous n’avons même pas eu le temps de remarquer quoi que ce soit par nous-mêmes. Mais les bébés allergiques sont de plus en plus nombreux. 3 à 4% des bébés pour le lait de vache. En réalité, c’est le système digestif des nourrissons qui n’est pas encore mature. Il n’a pas tous les enzymes nécessaires à la digestion des nutriments. Cela peut donc provoquer une irritation de l’intestin. Plus ou moins forte.
Et pour les mamans allaitantes : ce que nous mangeons passe dans notre lait ! C’est donc notre propre alimentation qui rend malade nos enfants…
Alors comment le détecter ? Il semblerait (Attention, je ne suis pas médecin et cet article ainsi que les suivants ont seulement pour but de partager une expérience pour aider les mamans qui passent par là) que souvent, les bébés concernés soient agités (et pleurent ?) durant la tétée ou peu après, parce qu’ils ont tout simplement mal au ventre, en lien avec ce qu’ils viennent d’ingérer. C’est un cercle vicieux. Ils ont faim. Bien sûr. Donc ils réclament à boire. Mais le boire leur donne des inconforts. Il se peut aussi que ce soit des bébés qui régurgitent pas mal. Dorment mal. Et enfin, l’un des autres symptômes serait une congestion nasale fréquente.
Alors, pour les mamans qui allaitent et remarquent tout cela chez leur enfant, soit vous filez consulter pour exprimer vos doutes et vérifier le tout. Soit, et c’est ce que je vous conseille : vous prenez un peu de courage et tentez un régime d’exclusion pendant quelques temps pour voir s’il y a amélioration. Le régime d’exclusion, lorsqu’il est bien suivi et compensé pour apporter tous les nutriments / vitamines nécessaires est certes frustrant pour certaines, mais pas mauvais ! Le test peut donc en valoir la chandelle. À noter que les protéines bovines restent dans le lait maternel environ un mois après leur ingestion. Il faut donc tenir le test sur la durée. Les premiers résultats visibles n’apparaîtront pas avant une bonne dizaine de jours à priori.
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À la maison, on a la chance de toujours avoir aimé cuisiner. De faire nos courses chez le fruitier du coin, à la boucherie, à la fromagerie, quitte à multiplier les arrêts. Rarement un plein panier d’épicerie au supermarché. On a toujours cuisiné maison. Jamais un plat préparé dans le frigo ou le congélateur. Même pour dépannage. On achète des biscuits industriels parfois, bien sûr. Des bonbons. Un kit à fajitas par ci par là parce que finalement ce soir, on n’a pas le temps de faire une sauce tomates maison. Mais cela fait bien 5 ans que je n’ai pas vu une pizza surgelée entrer dans mon congélateur. Et les paquets de pâtes avaient presque disparu des placards (jusqu’à être rattrapés par la dure réalité de parents de 2 enfants, dont le plus grand rentre parfois affamé – LÀ TOUT DE SUITE MAINTENANT). Bref, je crois qu’on peut dire qu’on partait avec un bel avantage dans les démarches de notre nouveau régime alimentaire (“Notre” parce que, si le papa et Mister Caribou font quelques impairs, on cuisine tout de même généralement pour la famille entière. Ils ont donc le droit au beurre sur leurs tartines le matin, mais on ne met plus ni fromage ni crème dans le gratin qui entre dans le four). (Mais on reparle du régime en lui-même un peu plus tard).
Finalement, le rendez-vous plus tard a confirmé. Il faut TOUT exclure. Pour nous, cela concerne les protéines bovines, ainsi que le soja (dont la protéine est très similaire à celle du lait de vache). La question aurait pu se poser d’arrêter l’allaitement. Sauf qu’ici, on ne parle pas d’une allergie au lait de vache seulement. Mais bien de toutes les protéines bovines. Les préparations en vente pour les bébés allergiques ne conviennent donc pas. Alors oui, il y a bien UNE solution (et une seule) sur le marché. Mais relativement inaccessible. Ça, couplé au fait que l’allaitement se passait bien, contre toute attente et à l’inverse de toute annonce faite à sa naissance, il était évident qu’on allait tenter de poursuivre. (Et je passe sous silence la simili pression du corps médical Québécois à ce moment là… parce que non, en réalité, je n’ai pas du tout senti avoir le choix : je devais allaiter, point barre. Allaiter et arrêter de manger “comme avant”) (mais c’est un autre débat).
La diète d’exclusion s’est annoncée comme un petit défi. Défi temporaire qui plus est. Les allergies chez les nourrissons disparaissent généralement. Cela nous amusait presque (entendre par là, d’intégrer cela dans notre cuisine, et non l’allergie en elle-même). Sauf que… je n’avais pas la bonne précision du temporaire en tête. Un an après, on y est encore. Et croyez-moi, pour un régime alimentaire privatif, c’est parfois long. Très long. Mais je vous rassure. On a aussi trouvé nos marques. Nos astuces. Nos alternatives. Notre nouveau rythme.
Alors pour toutes celles qui sont concernées et qui doutent, allez, je vous raconte ?
OUI il y a des jours plus difficiles que d’autres. Ceux où j’ai parfois envie de tout envoyer valser. Parce qu’on le sait : l’allaitement “classique” n’est déjà pas un long fleuve tranquille. Oh oui il offre cette relation si privilégiée. Mais aussi cette servitude inégalée. Alors imaginez, quand en plus, on ne peut pas se récompenser de ce cookie qui traîne sur la table, laissé par le plus grand ce matin, mais auquel, oh non, il ne faut SURTOUT PAS toucher ! Les mamans qui entrent dans la diète d’exclusion, sachez-le : si l’allaitement “interdit” l’alcool par exemple, il l’autorise tout de même, à petite dose, de façon sporadique. On se l’autorise. On veille à ce que l’enfant ne soit pas assoiffé juste une heure après. Et surtout, on ne se met pas la tête complètement à l’envers. La diète d’exclusion pour allergie aux protéines bovines, elle, n’autorise AUCUN IMPAIR. Souvenez-vous, tout cela passe dans votre lait. Et y reste pour plus ou moins un mois. Un faux pas de votre part. Un mois de conséquences chez votre enfant. D’éventuelles douleurs. D’inconforts en tous cas. Alors, non, on ne se permet pas un seul écart. Et même si parfois, vous regarderez ce morceau de fromage comme si c’était un lingot d’or. En vous demandant comment une toute petite bouchée, qui à vous, vous ferait tant de bien au moral, pourrait avoir des conséquences chez votre bébé. Non, il ne faudra pas craquer. Parce que… un écart est aussi souvent le début des écarts. Et puis, il y aura un mois difficile. Peut-être 2 ou 3. Quelques événements aussi moins faciles. Les anniversaires. Les invitations chez les amis. Les gâteaux qui te passent sous le nez. Les resto impossibles. Être la relou de service lorsque quelqu’un t’invite à manger. Mais… rien n’est impossible. Et même qu’un matin tu te réveilleras et ne regarderas plus ce plateau de fromages comme le Graal. (Et j’ai même survécu à un mois en France, un mois de repas de famille, un mois de plateaux de fromages sous le nez, midi et soir, un mois de desserts si tentants, un mois de fêtes de Noël, qui plus est, et d’invitations gourmandes à n’en plus finir…) Alors oui, j’attends avec impatience de pouvoir y planter mes dents, dans ce carré de fromage. Je rêve de cette pizza coulante. D’un grilled cheese dégoulinant. Du cookie qui trônait sur la table à l’anniversaire de la petite copine la semaine dernière. De sortir au restaurant sans crainte. Mais je n’en pleure plus en buvant mon café. La frustration est passée. Je crois.
(Rendez-vous au prochain épisode pour entrer dans le concret du dit régime sans protéines bovines, et même que je compte bien vous partager quelques recettes bien gourmandes par la suite !)
3 Blabla ! sur "Le regime sans proteines bovines – ou ma diète d’exclusion. Pourquoi ?"
Je vous remercie. Vous avez probablement l’un des blogs les plus inspirants que j’ai jamais rencontré. Et il est dédié à un sujet aussi sensible que “l’enfance”.
Alors, qu’est-ce qu’on mange?
Ici je commence à trouver que mes idées de souper tournent en boucle…
J’utilise maintenant le porc haché pour certaines recettes mais je serai curieuse de connaître vos plats pour m’inspirer
Bonjour,
J zimerais vos conseils alimentaires et recettes pour une intolerance aux Plv et brevis svp..j ai 55 ans et on vient de me le diagnostiquer. Suis perdue, moi qui suis epicurienne…
Grand merci
Cathy Mulleners