Après avoir fait le plein de nature avec de jolies plages et de jolies marches sur la côte Est de la Sardaigne, il était temps de prendre la route pour traverser l’île jusqu’à la côte Ouest, et y découvrir quelques sites historiques. Sur notre route, un premier stop incontournable à effectuer, même si quelque peu en détour puisque tout en haut d’une petite montagne qu’il faut bien sûr redescendre ensuite pour reprendre le chemin de l’Ouest : la ville d’Orgosolo qui se dresse fièrement avec ses peintures murales.
Une petite ville dont la rue principale vaut donc largement le stop. Mais attention, pas besoin de s’y attarder ni même d’y passer une nuit. Je ne sais pas ce qu’il en est en plein été mais début octobre, si les rues étaient plutôt passantes, aucune attraction touristique à déclarer, aucun hôtel digne de ce nom, aucun restaurant ni même aucun glacier n’a attiré notre regard ! Bon, il faut dire que nous étions largement absorbées par l’observation de ces très nombreuses peintures murales mais tout de même… je pense qu’une promenade de quelques heures tout au plus, le temps de vous imprégner de l’ambiance du lieu, sera amplement suffisante !
La première peinture daterait de 1968. Mais les dernières sont très récentes (et de nouvelles voient encore le jour aujourd’hui). L’intention restant toujours la même : faire des peintures un support de discussion très souvent politique.
Et il y en a aujourd’hui partout, du moins, dans ce quartier autour de la rue principale. Pas un bâtiment (ou presque) n’y échappe. Qu’il s’agisse d’une habitation, d’un commerce ou d’un monument municipal. C’est assez impressionnant ! On se promène donc la tête en l’air, à regarder ces peintures qui se suivent mais ne se ressemblent pas pour autant. Et pourtant, d’une certaine façon, Orgosolo perpétue sa tradition de capitale du banditisme et des révoltes sardes. Le mode d’expression des « Murales » est plus pacifique mais donne tout même au village une couleur très politique même si artistique.
La promenade est surprenante ! On passe devant un bâtiment (à priori l’ancienne mairie) criblé d’impacts de balles… Les volets baissés semblent ne s’être jamais relevés. On se demanderait presque si la vie continue dans cette petite ville…
Ces graffiti sont finalement à la fois le moyen d’exprimer une révolte, certes, mais aussi de constituer une mémoire.
** Interlude culture **
Orgosolo fut le théâtre de vols de bétail (moutons, cochons) et de séquestrations contre rançons qui alimentèrent le mythe du bandit sarde. La ville compte aujourd’hui 400 peintures murales qui sont donc, pour beaucoup, politiques et portent la mémoire des luttes locales de tous genres : de celle de Pratobello contre l’installation d’un camp de l’OTAN à celles des bergers contre les industriels et les patrons, mais aussi des combats internationaux (contre la Guerre du Viêt-Nam, pour la paix en Palestine, …) ou encore des conflits avec l’État (par exemple, hommage à Carlo Giuliani tué par la police lors du contre-G8 à Gêne en 2001).
D’autres peintures murales, encore, évoquent le quotidien du village : bergers, femmes avec enfants, anciens qui discutent.
Il paraîtrait que la mairie fournisse des plans de la ville indiquant l’itinéraire à parcourir pour découvrir au mieux toutes ces peintures murales. Alors… n’hésitez pas à vous le fournir afin de ne pas en manquer ! Même si la promenade au hasard des ruelles est aussi des plus agréables !
4 Blabla ! sur "[Sardaigne] Orgosolo et ses peintures murales"
J’ai lu un article sur ce village il n’y a pas longtemps, mais j’ignorais totalement son existence lors de notre passage en Sardaigne! Je le trouve super original, la balade doit y être follement amusante!
Je l’avais repéré dans un guide avant d’y aller, parce qu’il faut en effet y faire un détour ! 🙂
vraiment chouette cette visite ! je vais lire tes articles sur la Sardaigne, une destination qui me tente … merci !
Le petit récap / guide de visites par ici : http://saperlipopette.marine-landre.fr/voyages/itineraire-sardaigne/