Se lever au premier gémissement entendu, descendre les escaliers sans un bruit, préparer le biberon, tranquillement.
Remonter les mains chargées. Imaginer la position dans laquelle on va le trouver, dans son petit lit, derrière la porte, face aux escaliers.
Assis ? Allongé ? Déjà debout peut-être ?
Pousser la porte, et puis, le regarder.
Une seconde, pas plus, pas un arrêt dans la course effrénée du matin qui vient de commencer. Pour ne pas laisser les cris redoubler. Simplement laisser les yeux s’imprégner une seconde de cette première image de la journée avant de l’attraper pour le délivrer.
De ce lit. De cette faim.
S’asseoir tranquillement sur le fauteuil de sa chambre. Le bras qui commence à souffrir de sa tête désormais un peu trop lourde.
Surveiller la tenue du biberon, tout en le laissant faire par lui-même. Mais éviter qu’il ne valse à l’autre bout de la pièce.
Détacher doucement la gigoteuse, signe que la nuit est finie, pour anticiper prudemment le sursaut qu’il aura une fois le biberon vide. Avide des découvertes de cette journée qui ne fait que commencer.
Et puis, profiter que ce biberon ne soit pas encore terminé pour finalement le regarder. Doucement. Les yeux embués. Se réveiller tranquillement. Les yeux dans les yeux. Les yeux dans ses yeux. Le laisser jouer de sa main avec mes cheveux.
Et puis, laisser la journée finalement commencer, pour de vrai.
Cette journée qui suit la précédente. Et lui ressemblera, ou pas. Qu’importe. On ne peut pas savoir.
Debout près de la fenêtre. Observer la valse de la ville. Rester si tranquille. Puis discuter, s’émerveiller, sautiller, …
Et moi, le regarder.
Attraper un livre, puis un autre. S’asseoir. Se relever. Jeter le 1er livre. Reprendre le 2ème. Venir me l’apporter. Les pages à tourner, les sons à déclencher. A la fenêtre, retourner observer.
Et moi, le regarder.
Sourire, râler, réussir, essayer, lire, se lasser, partir et revenir.
Ramper, se retourner, se lever, marcher. Tomber. Se relever.
Rigoler, pleurer, m’escalader, me repousser.
Découvrir, s’émerveiller, grandir, si vite.
Et moi, le regarder.
Manger, aimer, recracher, s’énerver.
Parler – ou du moins tenter, pointer, diriger, insister, s’impatienter.
Vider, remplir, empiler, encastrer, imbriquer ou bien encore secouer.
De ses yeux s’interroger. Dans mes yeux tenter de se réconforter.
Et moi, le regarder.
Le regarder encore et toujours. Sans jamais me lasser. Du matin au soir, du soir au matin. Parfois, me mettre un peu plus loin. Mais toujours le regarder, et emmagasiner.
Regarder et emmagasiner… Sa petite moue inquiète, son sourire fière, sa tête en colère, ses yeux pleins de sommeil. Son corps qui me semble parfois encore si petit. Et la seconde d’après si grand déjà. Emmagasiner les images de ce petit garçon qui grandit, ce petit garçon en devenir.
Le regarder dormir, se réveiller, jouer, manger, marcher, …
Le regarder découvrir et apprendre à vivre.
Un blabla sur "Et puis, le regarder…"
Que c’est beau de lire tout ça <3