Une question que je ne m’étais pas vraiment posée jusque maintenant. Et puis, forcément, la période faisant, les discussions arrivent. J’en avais presque oublié qu’en devenant parent, on a des responsabilités, de protection, d’éducation, d’accompagnement, bien sûr, mais aussi justement d’accompagnement dans ces croyances ou non, dans la construction de ses rêves, de sa personne. Alors… faut-il lui faire croire au Père Noël ?
On était à table avec des amis l’autre jour. Les enfants un peu plus loin à jouer tranquillement dans leur coin. Et moi de dire “Alors tu lui as pris quoi pour Noël ?”. Alors, c’est sûr qu’il faut que j’arrête d’oublier sans cesse – ou du moins de ne pas plus y prêter attention – que nos minis entendent tout, et en comprennent beaucoup. On fait attention, on intègre Mister Caribou dans nos conversations, bien sûr, je lui demande comment était sa journée, même si je sais très bien qu’il ne me répondra pas, je lui fais la conversation, parlant un peu de ce qu’il a pu faire, ou de ce qu’on prévoit pour les jours à venir, … Mais je parle aussi parfois de choses haut et fort, comme s’il n’était pas là. De moins en moins. Ou du moins de façon mesurée, ou de sujets choisis. Mais on ne se prive pas de conversation sous prétexte qu’il est avec nous. J’ai parlé de Noël, de cadeaux, d’achats que je veux faire pour lui, de projets pour sa nouvelle chambre. Sans vraiment me demander ce qu’il en intégrait. C’est vrai.
J’ai tout de même été bien étonnée de la réaction de mon amie qui m’a rétorqué un “Chuuuut ! C’est le Père Noël !!” un poil strident. Et puis, j’ai pris conscience. Je dois peser mes mots. Notre Mister Caribou n’a que 20 mois et parler ouvertement de “Père Noël” devant lui n’a probablement que peu d’impact puisque nous ne lui avons encore rien dit à son sujet. D’ailleurs les livres de fêtes ne sont pas encore sortis cette année. J’attends impatiemment le 1er décembre ! Mais l’an prochain ce sera certainement tout autre chose. Passés 2 ans notre Mister Caribou aura probablement bien plus conscience et une meilleure compréhension de tout cela.
Alors… veut-on lui faire croire au Père Noël ? Parce que finalement, c’est la question que je me suis posée après coup !
Je lis beaucoup depuis l’arrivée de Mister Caribou. Des livres sur l’enfance. Sur les étapes de développement. Sur la façon dont accompagner au mieux nos petits. Sur des sujets qui permettent de mieux les comprendre. Mieux anticiper. Mieux répondre à ses attentes, ses besoins. Je me suis rapidement interrogée à savoir s’il était heureux ou non, après sa naissance. Ne trouvant pas les premiers mois les plus épanouissants pour un bébé. La question reste toujours en suspens mais les indices sont aujourd’hui un peu plus clairs dans son comportement. Toujours est-il que toutes ces lectures m’ont permis de mieux gérer toutes mes questions intérieures et d’obtenir quelques indices de ce que pouvaient être ses pensées.
Et puis, naturellement, les livres sur l’éducation positive, l’éducation bienveillante, la méthode Montessori, … ont fait leur apparition dans ma bibliothèque (et je me rends compte que mes articles compte-rendu bien pensés n’ont finalement pas vue le jour… A suivre donc !). Mr MonChéri se moque parfois doucement de moi. Mais en réalité il me demande aussi bien souvent de lui raconter “ce que [j’ai] appris de nouveau dans celui-là”. Et puis, on se rend souvent compte qu’on est finalement pas mal “Montessori” dans notre approche sans vraiment le savoir (enfin, maintenant, on le sait, mais dans le sens où nous n’avons pas tenté d’appliquer ce qui était dans les livres, on a fait à notre façon, qui au final correspond pas mal – en partie – aux principes mis en avant par Maria Montessori). Je vous en reparle en détails prochainement !
Ma lecture la plus récente – Montessori de la naissance à 3 ans, apprends-moi à être moi-même – de Charlotte Poussin aux Editions Eyrolles –, au-delà d’aborder de grands principes sur “Qu’est-ce que la pensée Montessori ?”, nous donne aussi de bonnes illustrations et idées d’applications concrètes à la maison. Des idées d’activités selon ce qu’on souhaite stimuler chez l’enfant. Et puis des lectures – ou plutôt des types de livres – selon les âges. Et ce n’est pas la première fois que je lis que tous ces livres imaginaires qu’on accumule dans leur bibliothèque ne sont pourtant pas les meilleurs pour nos tous petits. Avant 3 ans (et même au-delà), ils ont un réel besoin de s’ancrer dans le réel. De comprendre le monde qui les entoure et qui est une découverte de chaque jour pour eux. Bien avant d’avoir besoin de s’en échapper. Et puis, c’est logique. Je passe mon temps à lui apprendre que ceci est un arbre, que le chat fait miaou, et l’éléphant avec sa grande trompe est gris. Et là on arrive dans une histoire où le chat parle comme lui et moi et l’éléphant est rose. Dur dur pour poser les bases de la compréhension du monde. Non ? En clair, la perception de la réalité devrait être solidement ancrée avant d’introduire des histoires imaginaires.
Montessori de la naissance à 3 ans, apprends-moi à être moi-même
Charlotte Poussin
Editions Eyrolles (livre offert par les éditions Eyrolles)
Et puis, Charlotte Poussin va plus loin.
[…] nous pouvons nous interroger sur la nécessité de croire vraiment au Père Noël, à la petite souris ou à la fée des dents… […] si nous affirmons aux enfants que ce sont des histoires vraies, nous leur mentons. C’est pour rêver, pour s’amuser, disent certains, mais qui cela amuse-t-il ? Surtout ceux qui font croire. L’enfant ne tire pas toujours un vrai plaisir de cette croyance. En revanche, cela trouble sa perception de la réalité. Et lorsqu’il réalise un beau jour que c’est une légende, il risque d’être déçu. Il se ment parfois à lui-même pour continuer à y croire, car cela le rend triste de réaliser qu’on lui a menti. Ce n’est pas tant le fait qu’il n’y ait pas de Père Noël qui le trouble, que le fait de renoncer à quelque chose auquel il croyait, auquel on lui a fait croire.
Et ça me fait réfléchir… Aussi loin que je me souvienne, je n’ai pas cru au Père Noël. Je ne sais pas si j’y ai cru à un moment et ai appris ensuite que c’était faux ou n’y ai jamais cru. Peut-être le destin du 2è, entouré de plus grands ? Pourtant je crois être celle à avoir annoncé la nouvelle à ma grande sœur. Je revois une scène dans l’escalier de la maison. Peut-être avais-je 3 ou 4 ans. Ou bien plus ? Ou alors cette scène n’a jamais existé ? Je vois en tous cas ma sœur refusant de croire ce que je lui annonçais, en pleurs. Parce qu’elle y avait cru. Et voulait encore y croire.
A vrai dire, je ne m’étais jamais posé la question. Je trouve ça mignon cette histoire de Père Noël. Je veux voir les étoiles dans les yeux de mon Mister Caribou. Je veux voir son excitation le 24 au soir en allant dormir. Et retrouver la même lorsqu’il nous réveillera le 25 au matin, aux aurores, les yeux embrumés mais plein de hâte d’aller découvrir ce qui est arrivé dans la nuit. Je veux le voir écrire sa lettre au Père Noël (d’ailleurs, papa, maman, y croyais-je lorsque je lui ai envoyé ma lettre, minutieusement préparée installée sur la table de la salle à manger ? Ou savais-je pertinemment que c’était uniquement “une tradition” ?). Je veux le voir feuilleter les catalogues de jouets et y faire sa sélection des semaines en avance… Je veux collectionner les photos où il posera timidement avec le Père Noël. Je veux décorer la maison avec lui. Allumer des bougies. Trouver qu’il a mauvais goût pour accrocher cette boule à cet endroit précis du sapin alors que j’aurai voulu quelque chose de plus harmonieux. Mais adorer le résultat disgracieux. Parce que ce sera celui de la famille. Je veux qu’on regarde les cassettes vidéos de nos matins de Noël, bien plus tard, assis dans le canapé, avec le feu de bois qui crépite. Je veux qu’il se souvienne de cet énorme paquet, gardé pour la fin de la session d’ouverture parce que certainement le plus beau des cadeaux. Et qui finalement ne contenait qu’une toute petite boîte bien cachée, au fond, après une dizaine de cartons vides. La déception. Jusqu’à ouvrir la dite boîte et découvrir le beau cadeau. Je veux lui créer des souvenirs. Ses souvenirs. Ceux qu’il gardera longtemps et qu’il pourra raconter à son tour, un jour, en se posant peut-être cette question : Dois-je leur faire croire au Père Noël ?
Mais… tous ces souvenirs ont-ils besoin “d’un vrai” Père Noël ? L’histoire n’est-elle pas aussi belle si on clame haut et fort que ce joli bonhomme est une légende qu’on aime raconter pendant la période des fêtes ? Qu’il n’existe pas vraiment mais que son histoire est belle alors qu’on aime tout de même l’entendre ? Le plus beau des cadeaux n’est-il pas de savoir que toutes les bonnes attentions reçues à cette période viennent des gens qu’on aime et non pas d’un vieux barbu inconnu ? Cela n’empêche pas qu’on voudra leur faire des surprises. Préparer cette journée pour qu’elle soit la plus belle. Leur demander leur lettre au Père Noël. Garder les cadeaux secrets jusqu’au dernier jour. Les installer tranquillement après les avoir mis au lit le 24 au soir. Et les admirer les déballer le 25 au matin. Avec peut-être une étoile supplémentaire de savoir que c’est nous qui avons préparé tout cela ? Ou pas… Je ne sais pas !
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Les miens y ont cru pendant longtemps, jusqu’à 8 ans pour mes ainés. La façon dont on explique qu’il s’agit d’une légende fait passer cette étape avec plus de facilité. Mon grand de 20 ans aujourd’hui s’en souvient encore et en parle non pas comme un mensonge mais comme une légende qu’il aurait aimé voir durer encore. Il est sensible. Pour les 2 autres, il s’agit là d’une histoire que l’on raconte aux petits quand on devient trop grand pour y croire. A la finale, mes 3 enfants ont prévu de le faire croire à leurs enfants un jour…
Ma sœur m’a appelée hors d’elle après avoir lu cet article. Parce que “bien sûr il faut lui faire croire non mais ça va pas” 🙂 Haha, je ne suis pas encore bien décidée ! Ça peut être une jolie histoire sans pour autant la pousser comme vérité…
Bien sûre qu’il faut lui faire croire au Père Noël c’est tellement magique!!
Mon beau-père explique ça d’une façon réaliste et bienveillante. Faire croire aux enfants au père-noël est important, le jour où ils comprennent que ce n’est pas vrai, ils intègrent que les parents puissent leur mentir. Je trouve cette approche très modeste, ça me parle beaucoup.