Allaitement : Ce qu’on ne m’avait pas dit

Publié le mercredi 21 octobre 2015 dans MaRiNeTTe maman !  |  28 Commentaires  | Voter Hellocoton

Bientôt 7 mois pour mon Mister Caribou.

7 mois aussi d’aventure “Allaitement”.

Les débats font rage sur le sujet. Les points de vue diffèrent. Les habitudes aussi. Au Québec, tu es regardée de travers si tu oses sortir un biberon pour ton bébé. En France, ce serait parfois presque l’inverse. Allaiter en public ?! No way. Ou alors au contraire un acte naturel et quasiment de fierté.

 

Pour ma part, aucune certitude. Aucun jugement. Pas d’avis arrêté. Allaiter ? Quelque chose que je ne connaissais pas il y a 7 mois de cela. Comment aurais-je pu le juger ?

J’ai commencé en me disant “Autant tenter, on verra bien comment cela se passe, il sera alors temps de prendre une décision”. Une pseudo indécision peut-être honteuse pour les pro-allaitement. Peut-être aberrante pour les anti-allaitement.

Donner le meilleur à mon bébé était une volonté. Mais lui donner aussi dans les meilleures conditions en était une autre. L’allaitement aurait pu mal se passer. Mon seul avis était donc la nécessité de tester. (Bon quoi qu’il arrive, ayant accouché au Québec, on ne m’a quasiment pas laissé le choix. Ni dans les explications en amont qui font l’éloge à n’en plus pouvoir de l’allaitement (Donner le biberon = Ne pas donner toutes ses chances à ton bébé). Ni le jour de sa naissance : On m’a posé Mister Caribou sur la poitrine à peine sorti de mon ventre. Aucune autre alternative ne m’a été proposée. J’imagine que j’aurais pu élever la voix si mon choix avait été autre. Mais j’étais déjà bien épuisée par le combat tout juste mené par mon corps pour donner la vie, je ne vois pas où j’aurais pu trouver la force d’en mener un autre à ce moment là).

 

Et vous savez quoi ? Tout s’est super bien passé ! Un bébé qui a tout de suite trouvé le sein. Qui a tout de suite su téter. Qui ne m’a jamais fait mal (ou presque, avouons que les 3 premiers jours n’ont pas été les plus agréables en début de chaque tétée – l’infirmière passée à la maison quelques jours après mon accouchement a été étonnée de ma non réaction lorsqu’il prenait le sein, vu leur état, mais j’ai envie de dire qu’avec les dents serrées les 15 premières secondes, “c’était pas si pire”, puis en 3 jours, les douleurs ont disparu et tout est devenu très facile).

 

Allaitement-mister-caribou

 

Photo par Aline Dubois

Seulement, on ne m’avait pas dit…

On ne m’avait pas dit le stress de la prise de poids. On ne m’avait pas dit la remise en questions perpétuelle lorsque celle-ci ne décolle pas comme il faudrait.

 

On ne m’avait pas dit les commentaires qui allaient venir de bon train. Les propositions de biberon d’un côté. Les interdictions de biberon de l’autre. Les jugements de vouloir persévérer. Les jugements de parfois vouloir offrir un biberon malgré tout.

 

On ne m’avait pas dit ce corps qui ne serait plus mien. Ce corps qui ne serait d’ailleurs plus vraiment un corps. Mais un distributeur. Ou presque. Un corps déjà pas mal abîmé. Un corps à disposition, qui pourrait parfois être malmené de nouveau au gré de l’humeur du jour.

 

On ne m’avait pas dit la disponibilité sans faille qu’il faudrait. (Oui, celle-ci était évidente, mais entre l’évidence et la prise de conscience…). On ne m’avait pas dit que faire une course en centre ville, sans bébé, relèverait d’un miracle, d’une désormais exception à la règle, et surtout, d’un moment qui serait tout sauf un moment de tranquillité ou de repos. Parce que non, les yeux rivés sur le téléphone à vouloir savoir comment ça se passe, et rivés sur la montre à faire en sorte de ne pas dépasser les 2h qu’on s’est accordé entre 2 tétées, ce n’est pas vraiment de tout repos.

 

On ne m’avait pas dit les nuits. On ne m’avait pas dit les réveils que je serais seule à pouvoir gérer. On ne m’avait pas dit qu’ils se multiplieraient parfois. Ou qu’ils ne sembleraient jamais disparaître. On ne m’avait pas dit les “c’est parce que tu allaites”. On ne m’avait pas dit la fatigue. Les levers en mode zombie. L’automatisme que deviendrait la tétée, à défaut de ce moment de bonheur et de partage dont beaucoup parlent.

 

On ne m’avait pas dit les poussées de croissance. Les besoins d’affection qui s’exprimeraient uniquement par le fait de se faire tétouiller le sein de façons parfois plus ou moins violente. On ne m’avait pas dit les étoiles dans les yeux de mon fils lorsqu’il me retrouverait après quelques heures, mais des étoiles qui ne signifient que “bouffe, bouffe, bouffe !”

 

On ne m’avait pas dit que je serais la seule à pouvoir le calmer. Mais que le seul moyen pour y parvenir serait encore et toujours de le mettre au sein.

 

Et puis surtout, surtout, on ne m’avait pas dit que le plus difficile, ce n’était pas de commencer… Oh Non. Mais bien de s’arrêter.

De décider pour ma part qu’il est temps de passer à autre chose. De céder à ces “tu veux pas lui donner un biberon ?”. De me dire que oui, j’ai fait ma part du boulot. Et que justement, je vais le reprendre, le boulot, alors il faut bien qu’il sache se nourrir sans moi, loin de moi. De décider d’une deadline. 6 mois d’allaitement exclusif. J’en avais déjà fait 5. Puis 5 et demi. Autant aller jusqu’à 6. Certainement un peu psychologique, cette date anniversaire. Mais c’était écrit quelque part : “6 mois d’allaitement exclusif”. Alors tant qu’à avoir commencé, tant qu’à avoir persévérer, autant aller au bout.

 

Mais je ne suis pas la seule à décider.

 

On ne m’avait pas dit ce petit pincement au cœur le 1er jour où, sans crier gare, je lui propose un biberon qu’il accepte sans rien dire.

 

Mais on ne m’avait surtout pas dit que cela ne voulait en rien dire que c’était gagné. On ne m’avait pas dit les hurlements qui s’en suivraient les jours suivants. La lutte acharnée pour lui mettre un biberon dans la bouche. On ne m’avait pas dit qu’il en pleurerait à s’en étouffer. Qu’il serait capable de rester la journée entière sans manger. Que je serais incapable de le prendre dans mes bras sans qu’il ne se débatte comme un sauvage pour trouver le si précieux sein, désormais seul point d’intérêt.

 

On m’avait dit que les débuts seraient difficiles. On m’a appris les positions. Les timings. Les sensations. La persévérance à avoir. Au Québec, on est même coachées pour ça, avant l’accouchement, le jour de l’accouchement, puis tout au long des premiers mois. Coachées pour ne pas lâcher prise. Pour ne pas se laisser envahir par la fatigue et céder à la première envie de donner un biberon. Parce qu’ici, si le congé maternité dure aussi longtemps, c’est bien parce que tu deviens maman à plein temps. Maman. Mère. Mère nourricière.

 

Mais personne ne m’a dit comment arrêter. Personne ne m’a avertie que ce serait encore plus dur que tout le reste. Que je lui arracherais son petit cœur encore si fragile. Que je verrais ses petits yeux rougis d’incompréhension. Que je devrais lutter contre tout ça.

 

Tout ça, pour finalement craquer qu bout de 2h de combat. Parce que non, je ne peux pas le laisser comme ça.

On ne m’avait pas dit que dans 5 jours je retourne au boulot, et que j’en serai encore là.

 

 

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    28 Blabla ! sur "Allaitement : Ce qu’on ne m’avait pas dit"

  1. Coucou,

    Je me suis fais exactement les mêmes réflexions quand j’ai décidé de sevrer ma fille. La voir si mal, en manque, et ne pas lui donner mon sein alors que j’aurais pu, c’était très très dur.
    On a essayé des tas de choses, je suis partie, je l’ai laissé avec son père, je lui ai expliqué…
    Et puis il y a eu un déclic, autant pour elle que pour moi, et elle a pris son biberon.
    Je ne l’ai jamais vu y prendre autant de plaisir qu’au sein, mais elle a accepté que ce soit ça ses repas, et elle a apprécié.
    Enfin, tout ça pour te dire que vous allez y arriver 🙂
    Peut être que tu as besoin d’être au dernier moment pour être sûre de toi, peut être qu’ainsi Mister Caribou se résignera, et comprendra surtout. Peut être que tu as besoin de te poser, et de réfléchir à ton envie d’arrêter / ou pas.
    Je te souhaite bon courage, je sais que ce n’est pas un moment facile, mais ce sera bientôt derrière vous !

    • Marinette dit :

      Un grand merci Rose pour tes gentils mots et ton témoignage ! Je n’ai pas repris le combat hier soir, bien trop fatiguée pour lutter, on a profité de joyeux moments ensemble et c’était tout ce qui compte ! Lundi, le travail, un autre jour… On va voir d’ici là !

  2. Anna dit :

    Chaque allaitement a été différent dont un assez court. 3 mois seulement, cela ne lui suffisait pas :(. Les autres 6 et 11 mois. Un arrachement les dernières tétés mais bon. Ce n’était plus que le matin et le soir. Les instants câlins. Mais quand le dernier à trouvé que c’était plus rigolo d’aller jouer avec son frère et sa sœur que de téter j’ai trouvé ça dure. Pour le coup à la maternité en France il a fallu que j’insiste énormément pour qu’ils ne leur donnent pas de biberon sous prétexte que je devais me reposer. Pour le dernier en Hollande ils m’ont mis dehors 12 après l’accouchement donc aucun souci 🙂 Bon courage à toi et Mister Caribou

    • Marinette dit :

      Merci Anna ! Les habitudes varient tellement d’un pays à l’autre… c’est fou ! Je pense que je ne suis qu’au début des “pincements au cœur” et autres signes de séparation… alors, on va continuer à les affronter en profitant surtout des jolis moments !

  3. Solene dit :

    Bonjour Marine,

    Ton article est vrai. Arrêter c’est dur, l’horreur, physiquement et moralement. Il faut te déculbabiliser. Ton enfant ne sera heureux que si tu es heureuse. Il est temps pour toi de retourner travailler. Cela fait aussi de toi quelqu’un d’accompli. Exlique lui. Il est ta vie. Mais tu dois retourner travailler. Parle lui. Il n’est pas puni. Et il ne s’en souviendra pas dans une semaine 🙂 mais avant tout soit cool. C’est dur mais c’est mieux. Et franchement l’allaitement ne change rien à l’amour qu’on leur porte! Déculpabilise ce que tu as fait c’est beau! En france on me prend pour une folle d’allaiter alors que j’ai repris le travail. Tout ça c’est aussi dans la tête. L’essentiel c’est d’etre bien dans ta peau et dans ton corps. Et ne culpabilise pas après de retrouver ton corps! Non mais ! Bon courage en tout cas!!!

    • Marinette dit :

      Merci Solene !! Le plus dur est de devoir lui refuser ce qui semble à portée de main. De lui expliquer sans être sûre qu’il comprend déjà vraiment tous mes mots. Mais oui, on va y arriver ! Et quoi qu’il arrive, lundi, c’est le boulot alors… le nouveau rythme va prendre le pas bien rapidement j’imagine ! Bon courage à toi aussi pour la persévérance dans un univers qui ne comprend pas toujours !

  4. C’est que ça ne doit pas être facile à vivre tout ça… Courage pour la reprise ! La question de l’allaitement est décidément quelquechose de compliqué, quoi qu’on décide !

  5. Karine dit :

    Je suis plutot indécise sur cette question, les deux ont des avantages et des inconvénients. Mais à la fin de ton article, le premier truc qui m’est venu à l’esprit c’est “vive le biberon” 😀 😀

    • Marinette dit :

      Bonjour Karine, petite précision tout de même sur le fait qu’en effet mon article est tourné du côté des difficultés. Difficultés en général mais surtout difficultés d’arrêter, parce que oui, l’allaitement c’est aussi du plaisir, pour la maman, pour le bébé, et ça, c’est certainement le plus important. C’est bien pour cela que c’est certainement difficile aujourd’hui… Comme je le disais, je ne prône ni l’un ni l’autre mais surtout je ne veux pas que mon article soit un message “anti-allaitement”. Je suis très contente des bientôt 7 mois passés ainsi, même si non, ce n’est pas facile tous les jours, et c’est souvent ça qu’on oublie de dire !

      • Karine dit :

        Oui je me doute que c’est pas anti sinon ce serait plus simple d’arrêter effectivement. Mais je trouve important ce type d’article aussi qui font voir “la vraie vie” et pas juste le “c’est tout beau tout rose tout génial l’allaitement”.

  6. Merci pour ton article ! L’allaitement, je n’y connais encore rien et il y a des tas de choses que l’on ne m’a pas dit ! Je ne veux pas trop en lire pour ne pas me faire trop d’idées mais les articles comme le tien me rassure “oui, cela peut si bien se passer que l’on a du mal à arrêter” 🙂

  7. Lorelei dit :

    ton article est magnifique et tellement vrai…
    je n’ai pas pu allaiter mes deux enfants car je n’ai jamais eu de montée de lait, et je sais très bien pourquoi, parce que je ne le voulais pas vraiment. C’était pour faire plaisir au papa, moi les tétées ça me rendait très nerveuse, j’étais en stress total, bébé le ressentait et ne tétait pas correctement. J’ai laissé tomber sur les conseils de la sage femme qui me voyait en larmes à chaque fois….
    Non ce n’est pas facile loin de là….
    Mais à côté de ça j’ai eu deux bébés en parfaite santé, qui ont été beaucoup moins malades que certains de mes copines qui étaient allaités pendant 1 an voire plus….

    bisous et bon courage

    • Marinette dit :

      Comme je le disais, je n’ai en effet pas d’avis sur ce qui est mieux ! Pour moi, il faut simplement que chacune trouve ce qui lui convient mieux, à elle et son bébé. C’est ça, le mieux !

  8. Tout d’abord: re-félicitations pour l’accouchement!
    Ton article est très touchant, je ne sais pas du tout ce que tu vis en ce moment, mais je me doute que ce n’est pas facile du tout!
    Je pense que la meilleure technique est celle qui vient du cœur. Tu as déjà fait un sacré travail, alors ne te culpabilise pas! Je partage l’avis de Solène: ton bébé est heureux si tu es heureuse et il oubliera vite cette “privation”.
    Ou sinon tu peux continuer et faire comme la nana dans Game of Thrones qui allaitait toujours son gamin de 6 ans 😉
    Courage ma belle, je suis sûre que cela se passera très bien!
    Bisous

  9. Mathilde dit :

    C’est marrant j’ai fait un post là dessus récemment ! Je suis en plein dedans.
    J’ai même un post au brouillon sur les choses moins cool sur l’allaitement, effectivement de devoir être toujours à disposition, ça en fait partie, les nuits… tout ça !

  10. Mathilde dit :

    Ah et au fait, je vois déjà le truc du biberon, mon mari lui donne des biberons, je tire mon lait pour ça. Mais moi, impossible de lui en donner un ! Et si je suis à côté de mon mari mais fatiguée et il va donner un biberon, mon fils n’en veut pas !! Et il n’a qu’un mois… Et ça on l’a remarqué quasi à 15 jours, il veut sa maman !! Et le biberon non si je suis là… Du coup c’est vrai comment arrêter sans qu’il souffre le pauvre !

  11. Caro dit :

    Pardon pour le “c’est parce que tu allaites” j’ai dû te le dire sorry
    Tu es une super maman!! Et je t’admire d’avoir autant de forces

  12. Mam dit :

    Super article 🙂 je me retrouve dans certains points, mais pas tous. Et à lire les commentaires l’allaitement est vraiment différent pour tout le monde. J’avais de telles crevasses au début que j’ai dû tirer mon lait et on lui donnait des biberons à la paille pour ne pas prendre de mauvaises habitudes de tétée avec une tétine. Du coup il a vite pris le rythme des biberons et quand l’allaitement au sein est revenu, il en demandait 5 ou 6 par jour dont 1 seule la nuit. Quand on est passé à la tétine, il n’acceptait qu’avec moi et pas son papa alors qu’on nous avait assuré l’inverse. Et a 4 mois, j’ai commencé à donner du lait en poudre le soir car la tétée ne suffisait plus la nuit. Petit à petit, j’en ai enlevé 1 pour la remplacer par les petits pots à partir de 6 mois, et à 8 mois je ne donnais plus que la tétée du matin. Du coup j’ai arrêté tranquillement sans avoir à prendre de médicaments pour arrêter les montées de lait. Juste une petite sensation de picotement dans la poitrine les 2 premiers jours à l’heure de la tétée qui a été arrêtée. Je te conseillerais de ne pas arrêter tout d’un coup si c’est possible pour toi.
    Bon courage pour cette phase de transition et bon courage pour la reprise du boulot.

  13. LaLuTotale dit :

    Ton billet est bouleversant…

    Moi on m’avait surtout dit que mes prothèses mammaires sous-pectorales ne gêneraient pas l’allaitement…En soi effectivement, le lait est très bon, pas de risques de fuite de silicone dans le lait puisque les glandes mammaires ne sont pas en contact avec les prothèses. Mais on ne m’avait pas dit qu’en passant les prothèses par voie axillaire, on me lèserait les canaux lactifères.

    Du coup j’ai énormément pleuré à la maternité quand on s’est rendus compte que malgré tous mes efforts, je n’avais que 20 ml maximum pour les deux seins toutes les 3 heures. Que ça ne suffisait pas pour LaLutine et qu’il fallait absolument lui donner un biberon en complément car elle maigrissait à vue d’oeil.

    Je ne connais pas les seins douloureux, les montées de lait, les fuites. Je n’ai pas eu, et je rêverais d’en avoir. Quel déchirement pour moi qui tenais tellement à allaiter…

    Aujourd’hui ma fille a presque 6 semaines et j’insiste : je lui donne le sein malgré tout, et je complète systématiquement avec un bib. La montée de lait n’a jamais eu lieu.

    Merci pour ce récit poignant et courage pour le sevrage, j’ai toujours entendu dire que c’était archidur ( et le mot est faible )

    Bises

    • Marinette dit :

      Merci pour le message ! Et surtout plein de courage à toi pour cette aventure douloureuse aussi ! Je suis sûre que ta puce se satisfait pleinement du complément biberon alors surtout ne culpabilise pas !!

  14. Valérie Kervahut dit :

    Bonjour Marine,
    Superbe article sur tes impressions et ton ressenti avant, pendant et après l’allaitement de ton enfant ! Merci pour ce partage, cette expérience !
    J’ai eu mon enfant tardivement (à 38 ans), une naissance inespérée pour moi. Dès que j’ai su que j’étais enceinte et que mon fils était en bonne voie pour vivre, j’ai voulu allaiter à 100% et c’est, par bonheur, ce que j’ai fait pendant un an ! Je vivais, à l’époque, sur l’Ile de La Réunion ; là-bas, aucune aide pour inciter les mamans à l’allaitement (au contraire) ! Le jour de la délivrance, la sage-femme m’a demandé si je souhaitais allaiter mon bébé (tout de même), j’ai dit “oui”, elle me l’a posé sur le ventre, comme toi ; le petit est remonté se blottir dans mon cou, tant bien que mal, et a commencé à chercher mon sein ! Oui, au début, le suçon tiraille un peu mais, quel bonheur ! Une infirmière m’avait donné de la graisse que l’on met sur les pis de vache pour éviter les fissures et le dessèchement des tétons ; en deux jours, la douleur avait disparue ; c’était ensuite, un pur bonheur ! Ce moment de complicité, de lien avec son enfant, sa partie de soi. Mon premier sentiment de douleur et d’en vouloir à quelqu’un de prendre ma place de mère nourricière fut le moment où, parce que je devais me rendre à un rendez-vous et ne sachant pas si je pouvais rentrer à temps pour donner le sein, j’ai dû tirer un biberon de lait. C’est ma maman, qui était venue auprès de moi, qui lui donnerait ce fameux repas ! Je suis rentrée 10 minutes après le commencement du biberon et là, j’ai cru défaillir, quelqu’un d’autres (ma propre mère) était en train de prendre ma place !!! J’étais littéralement jalouse d’elle ! C’était tout à fait normal et légitime comme sentiment (j’en ai d’ailleurs discuté avec ma maman très vite).
    Ensuite, à un an, mon petit bonhomme n’a plus voulu que je l’allaite, certainement, parce que mon lait ne devait plus être assez nourrissant (je suppose), il voulait passer à autre chose ! J’ai eu, encore, à ce moment là, ce sentiment douloureux d’être inutile vis à vis de lui !
    Pour moi, l’allaitement, a été un pur bonheur ! Jours et nuits, j’étais là pour lui, en exclusivité (oui, c’est un sentiment d’égoïsme !) et je n’ai aucun regret, ni aucun sentiment de culpabilité, j’ai fait notre bonheur à tous les deux !

    • Marinette dit :

      Vous êtes plusieurs à me parler de ce jour où bébé ne veut plus du sein ! Cela me paraît si improbable aujourd’hui… En tous cas, une jolie aventure vécue jusqu’au bout pour vous 2 !